En Guyane, un mois après le déconfinement du 11 mai, les cas de coronavirus ont été multipliés par neuf. Depuis mi-juin, toute la collectivité territoriale est au stade 3 de l’épidémie de Covid-19. C’est le seuil d’alerte maximal. En clair, le virus circule sur tout le territoire avec le risque de saturer le système sanitaire. Selon Jean-Jacques Demri, médecin, dans cette nouvelle phase il ne s’agit plus de freiner la propagation du virus, mais bien d’en atténuer les effets.
Désormais, seuls les cas les plus graves sont hospitalisés. Les patients les plus légers resteront chez eux pour être soignés en ambulatoire. Un stade qui impose la pleine mobilisation du système de santé comme des médecins de ville. Les restrictions de circulation sont aussi renforcées à Cayenne. Un nouveau couvre-feu a été instauré du lundi au vendredi de 19h à 5h du matin et le samedi de 19 heures au lundi à 5 heures.
Plus qu’une crise sanitaire, une détresse économique et humanitaire
Situés à la frontière avec le Brésil, pays où la situation sanitaire est de plus en plus grave, les habitants des communes de Saint-Georges-de-l’Oyapock et de Camopi sont au bord de l’asphyxie, après une longue période de confinement. Les populations qui vivent sur les deux rives d’Oyapock, fleuve qui sépare le Brésil et la Guyane, ne sont plus autorisés à passer de l’autre côté ce qui constituait pour beaucoup la seule source de revenus.
Cette situation de blocage sans précédent provoque une grave crise économique jetant une grande partie de la population qui vit essentiellement de la pêche ou de travaux précaires et saisonniers dans la pauvreté et la misère. L’autre partie de la population dépend principalement des revenus de la Caisse d’allocations familiales (CAF) et du Revenu de solidarité active (RSA).
Des solutions provisoires, mais insuffisantes
Même si, depuis le début de la pandémie, des paniers alimentaires continuent à être distribués aux habitants les plus pauvres dans la commune de Saint-Georges, ces aides ne vont pas durer éternellement et ne peuvent en aucun cas remplacer les salaires. Des observateurs tel que Jean-Jacques Demri craignent une grave crise humanitaire si les gens restent confinés pendant encore plus longtemps. Les conséquences d’un blocage de l’économie de plus de trois mois sur la vie des habitants, très pauvres à l’origine, pourraient être catastrophiques.
Pour rappel, les premiers cas de Covid-19 ont étaient enregistrés mi-avril. Ensuite, le virus s’est très vite propagé. Selon les dernières estimations de cas confirmés pour la commune de Saint-Georges-de-l’Oyapock, sur un total de 4 500 habitants, un peu moins de la moitié ont été dépistés, parmi lesquels 384 cas ont été confirmés positifs. Depuis plus de trois mois maintenant que les gens sont confinés, la situation humanitaire ne semble pas s’améliorer.
Heureusement, la baisse du nombre de nouveaux cas confirmés enregistrés ces derniers jours semble se généraliser sur une grande partie du territoire, sauf à Saint-Laurent-du-Maroni où la situation reste tendue et sur le fleuve Maroni où les cas sont suivis par les autorités avec beaucoup d’attention.